D'après Apollinaire il y a un poème à faire sur l'oiseau qui n'a qu'une aile. Moi je dis pourquoi pas un roman sur la petite fille qui en a deux ou un sonnet sur le chat qui a huit pattes, une fable sur la guitare qui a douze cordes ou sur le lièvre qui n'a qu'un oeil, une trilogie sur le cheval qui a trois cornes ou une vie sur la fille qui n'a qu'un rêve. Mais bon chacun son truc après tout. Moi chez Apollinaire j'aime juste la vieille paire de chaussures jaunes devant la fenêtre. J'aime pas le cigare allumé et qui fume les calligrammes c'est pas mon truc. Je voudrais qu'Elle* gagne son concours parce qu'elle le mérite et qu'Elle* puisse publier son livre. Je voudrais avoir assez de volonté pour réécrire le mien, le terminer, en faire quelque chose qui me plait. Je voudrais que mes mots aient un sens, qu'ils ne s'alignent pas bêtement comme si j'écoutais la Bande à Basile. J'aimerais que l'inspiration revienne, vite et bien, que le déclic qui me dit d'écrire se déclenche aussi souvent qu'avant, que le temps ralentisse pour que je puisse l'attrapper au vol, comme ça, au lieu de lui courir après comme C après les feuilles mortes. Je voudrais avoir le temps mais il ne m'appartient pas...
